Frédéric Bardeau (Simplon), pour des formations accessibles aux métiers du Métaverse
De la formation en réalité virtuelle à Sandbox pour le recrutement.
Frédéric Bardeau est le président et co-fondateur de Simplon, un organisme de formation qui propose (entre autres) un apprentissage accessible aux métiers du Métaverse.
Qu’est ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce domaine ?
Je suis Frédéric Bardeau. Je suis le président cofondateur de Simplon. Simplon, c'est un organisme de formation de l'économie sociale et solidaire qui forme gratuitement aux métiers du numérique, qui sont fortement en tension, des demandeurs d'emploi et des personnes qui n’ont pas des caractéristiques de geek. Donc on a beaucoup de femmes, beaucoup de personnes qui ont quitté le système scolaire, des migrants, des personnes en situation de handicap, la diversité. On a été approché par Meta pour faire des formations sur les métiers techniques du métavers et des technologies immersives. Et donc on a regardé quels étaient les métiers qui sont le plus en tension et on en a trouvé deux qui sont particulièrement intéressants. Donc le premier c'est technicien VR, les gens qui s'occupent des casques et qui s'occupent du fait que les expériences se passent bien, c’est un peu le support informatique du métavers. L'autre métier qui est très très en tension aussi, c'est développeur en réalité augmentée, réalité virtuelle et 3D temps réel avec un framework qui s'appelle Unity. Et donc ce sont les deux métiers qu'on déploie avec Meta dans le cadre de l'académie du métavers.
Ce n'est pas un peu risqué de se lancer dans le métavers ?
La première chose qu'on fait avant de lancer des formations, c'est qu'on regarde les besoins en compétences et en métiers de l'écosystème. Donc on va sur le site de Pôle Emploi, on regarde s'il y a des offres d'emploi, on interroge des professionnels et des entreprises pour savoir quelles sont les compétences dont ils ont besoin, quels sont les métiers. Et on fait des formations qui sont liées à ces compétences et à ces métiers. Ce qui fait qu'on n'est pas victime de la mode des technologies. Par exemple, là on utilise Unity, mais les gens peuvent faire du Unreal Engine, ils peuvent faire un autre moteur 3D, ils sont formés à un métier et pas une technologie. Comme les développeurs chez nous, ce ne sont pas des développeurs JavaScript ou Java ou Python, c'est des développeurs. Ils savent manier des langages de programmation. Et si la mode c'est plus PHP, mais c'est Python, ils peuvent switcher d'un langage à un autre. Sur l'académie du métavers, c'est la même chose. On a cherché quelles sont les compétences et les métiers génériques qui sont liés à ces technologies immersives. Et donc ce n'est pas seulement lié qu’au métavers. Les gens peuvent travailler dans le gaming, ils peuvent travailler dans la formation professionnelle. Les technologies immersives réalité augmentée et réalité virtuelle, celles-ci, ont vocation à rester pérennes.
Ça ressemble à quoi, un cours de métavers ?
La pédagogie Simplon, elle est un peu particulière, c'est que de la pédagogie par projet. Donc ça veut dire que les formateurs qu'on utilise ne sont pas des formateurs, c'est des professionnels du métier visés qui viennent transmettre leurs compétences de professionnels à nos apprenants. Dans les formations de Simplon et de l’académie du métavers, il n'y a pas de théorie, il n'y a que des cas pratiques. Donc c'est soit des cas réels qui sont liés aux entreprises qui vont accueillir les apprenants en alternance, soit des projets réalistes tels qui pourraient être traités une fois que les gens sont en poste. Donc en fait, ils ne font que faire des projets du matin au soir pendant tous les mois de leur formation et le formateur est plutôt un facilitateur de l'apprentissage des gens en groupe plutôt que quelqu'un qui vient donner son savoir et qui va faire des exercices et des quiz après pour voir si tout le monde a compris. Donc c'est un petit peu la marque de fabrique pédagogique de Simplon.
Est-ce que vous allez utiliser de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée pour enseigner ?
On avait réfléchi avant le partenariat avec Meta à qu'est ce que peut amener la réalité virtuelle dans la montée en compétence de nos apprenants ? Et on avait trouvé deux cas d'usages qui sont particulièrement intéressants qu'on était en train de déployer avant l'académie du métavers. C'est la simulation de l'entretien où on peut imaginer que la VR nous permet d'entraîner nos apprenants à faire des simulations d'entretien. Et la deuxième chose, c'est les compétences de prise de parole en public. C'est-à-dire, au lieu de s'entraîner tout seul devant sa glace, on peut s'entraîner devant un faux amphi en réalité virtuelle et avoir des gens qui simulent des questions ou des choses comme ça. Ces deux cas d'usage on allait les intégrer dans toutes nos formations avant qu'on soit contacté par Meta. Et donc maintenant avec l'académie du métavers, il y a cette partie académique sur les métiers du métavers et de la réalité virtuelle, et on va déployer des modalités de réalité virtuelle pour les compétences transversales dont on parle beaucoup sous le nom de soft skills. Et pour nous, c'est là où ça amène de la valeur. Sinon, on pense que le présentiel et le face à face pédagogique, il n'y a pas mieux que ça.
Verra-t-on bientôt Simplon dans un métavers ?
Là, il y a un gros gros buzz et il y a un effet de mode sur le sujet mais on risque pas de trouver Simplon dans le métavers parce que nous on va rester dans le présentiel. Après ça peut être une modalité de sourcing de nos apprenants, aller chercher les gens qui sont sur The Sandbox pour leur dire : “vous pouvez vous former aussi en présentiel, notamment aux métiers du métavers chez Simplon.” Ça c'est possible. Mais c'est vrai qu'une modalité pédagogique où on aurait tous des casques et on serait en formation tous ensemble dans le métavers. On pense que ce n'est pas adapté à la formation professionnelle. On sait que les gens ne vont pas supporter d'avoir plus d'une heure et demie ou deux heures un casque sur le nez. Et les cas d'usages qui sont liés au métavers en learning. En fait, ils sont assez précis. C'est vraiment lié à ce que je disais tout à l'heure des modalités de compétences transversales, des gestes métiers ou dans un environnement dangereux. Comme le nucléaire ou des choses comme ça, si vous faites tomber un bâton de plutonium, vaut mieux le faire en VR que dans la réalité. Donc je pense que ça va être assez restreint pour nous, effectivement, ce sera peut être plutôt intéressant pour les gens qui ont des trucs à vendre. Nous on n'a pas grand chose à vendre, on fait de la formation professionnelle, donc on va l'utiliser de manière très très ciblée.
Est-ce que cette formation a trouvé son public ?
Ce qui est paradoxal pour un organisme de formation gratuit comme nous, c'est qu'on pense que tout le monde se bouscule au portillon pour venir se former à Simplon. Mais ce n'est pas le cas. Il faut qu'on aille chercher des gens, Il faut qu'on leur explique que le numérique, c'est pour eux, même s'ils n'étaient pas bons en maths à l'école. Donc en fait, on va utiliser la VR pour attirer les jeunes notamment, et puis les demandeurs d'emploi, en leur disant bah venez tester des casques, venez découvrir le métavers. Et par ce biais là, parce que c'est nouveau. Et puis il y a une curiosité. On va aussi enchaîner après sur : il y a des métiers, il y a des compétences et il n'y a pas que le métavers, il y a plein d'autres métiers. Donc ça va être un petit peu un hameçonnage, une manière, on va dire, de faire une démonstration qui va permettre de rentrer dans des choses avec plus de fond. Et ça on l'a déjà testé. Ça marche super bien, comme les ateliers qu'on fait sur la blockchain. Les cryptos, ça excite tout le monde, mais après on leur rouvre le champ en disant il n'y a pas que Bitcoin, il y a la blockchain et là il n'y aura pas que les casques et les trucs de métavers. Il y a aussi plein de métiers derrière.
C’est quoi la suite pour Simplon ?
Le métier de Simplon, c'est suivre les tendances du marché, mais pas les tendances en termes de buzz ou de dernière mode. Quels sont les métiers qui vont être durables et qui vont permettre à des gens de trouver des emplois et de garder ces emplois et d'en trouver plein et avec du volume ? Et donc effectivement, on regarde un autre buzzword du moment qu'est la partie Web3 et la partie blockchain et NFT. Parce que derrière il faut des développeurs, il faut des designers, il faut administrer une blockchain. Il y a vraiment des métiers qui sont des métiers classiques mais qui évoluent pour coller à ces nouveaux univers et ces nouveaux usages. Mais il faudra toujours des développeurs blockchain, des administrateurs du cloud où il y aura de la blockchain. Donc ça, on regarde ça de très très près. Et on va aussi annoncer des choses dans ce domaine là. Et peut être qu'il y a d'autres métiers qu'on va découvrir bientôt, et ce sera la vocation de Simplon d'explorer s'ils sont pérennes et s'il y a du volume, et surtout si ça peut permettre de créer des emplois pour des gens qui sont peu ou pas diplômés parce que c'est quand même ça notre vocation.